L'avis d'expert d'un consultant Akerva.
Nous y sommes… Le premier rendez-vous important avec la DSP2 arrive ce 14 mars 2019, date à laquelle les APIs bancaires seront ouvertes aux Tiers de Paiement. Le moment opportun pour faire le point sur les travaux de conformité, à 6 mois de l’entrée en vigueur duL’avis d’expert d’un consultant Akerva.
Nous y sommes… Le premier rendez-vous important avec la DSP2 arrive ce 14 mars 2019, date à laquelle les APIs bancaires seront ouvertes aux Tiers de Paiement. Le moment opportun pour faire le point sur les travaux de conformité, à 6 mois de l’entrée en vigueur du RTS (Regulary Technical Standards).
Émise en abrogation de la première Directive sur les Services de Paiement, la DSP2 s’inscrit dans une politique globale de convergence vers un marché unique européen. Sa déclinaison en France est particulièrement attendue, au sein d’une concurrence des établissements financiers à la suite de l’avènement de la loi macron sur la mobilité bancaire.
De manière intrinsèque, la directive met en relief plusieurs cas d’usage dont deux principaux.
L’un des avantages des agrégateurs réside dans la consolidation des informations d’un client. L’agrégateur contacte par des canaux sécurisés les différentes banques du client pour obtenir les données à afficher. Dans cette cinématique, le client est authentifié, soit par sa banque via un mécanisme de redirection, soit suivant une « approche embarquée » à l’initiative de l’agrégateur.
Les Tiers de Paiement (TPP) pourront en effet initier des paiements à la demande de leurs utilisateurs. Ces derniers reçoivent ensuite un élément de validation de la transaction, renvoyé à la banque par l’intermédiaire du TPP. L’approche est dite découplée.
La directive vise en outre une transformation en profondeur du Business Model bancaire, en mettant l’accent sur deux enjeux majeurs :
Grâce à l’exposition des ressources bancaires à travers des APIs, la totalité de l’offre de service est accessible aux agrégateurs (AISP), aux fournisseurs de cartes prépayées (CBPII) et aux initiateurs de paiement (PISP). Les groupes de travaux autour du STET, mandaté pour ériger un cadre d’échanges des parties prenantes de la DSP2 en France, ont permis de choisir le protocole OAuth2 qui répond aux exigences en matière d’authentification et d’autorisation des clients et des TPP.
Les agrégateurs et initiateurs de paiement ont déjà débarqué sur le marché de la monétique en proposant des solutions innovantes mais basées sur le Web Scrapping des interfaces bancaires. Cette approche présente plusieurs limites : la maintenabilité, l’absence de garantie sur des critères fondamentaux de sécurité tels que l’intégrité des données et surtout la traçabilité.
Par la ratification de cette directive, l’Union Européenne aspire, en toute transparence vis-à-vis des acteurs historiques et des nouveaux acteurs (articles 38 – 60 de la directive), à enrichir l’expérience utilisateur et sollicite les métiers de la cybersécurité pour adresser les problématiques sous-jacentes.
En revanche, la mise en conformité au RTS implique d’importantes transformations qui, plus que jamais, font peur à tous les niveaux.
Le RGPD nous a appris que la mise en conformité était un exercice délicat. La date limite pour l’alignement à la DSP2 approche et les acteurs de la monnaie électronique ont besoin d’être accompagnés dans la stratégie de mise en conformité.
Experts en cybersécurité, à vos marques !
Bien que n’évoquant explicitement que l’authentification et la sécurisation des communications, la DSP2 implique un bon nombre d’acteurs de la sécurité.
C’est sûrement le maillon qui éveille le plus de craintes. Les cyberattaques connaissent chaque année une croissance à deux chiffres (+35% en 2017 selon iTPro). Une « communication officielle » sur le partage des données client augmente le risque de voir ce nombre croître de manière significative.
Ajoutée à cela l’absence de volet réservé à la protection des données personnelles dans la directive. Le RTS redirige systématiquement vers le RGPD. Alors rapprochez-vous sans attendre des référents en la matière.
Une chose est sure, les passionnés d’IAM et de PKI ne vont surtout pas s’ennuyer… La directive positionne l’authentification comme pierre angulaire de la sécurisation des transactions :
L’authentification forte, elle, sera requise pour toute opération mettant en jeu l’engagement de l’utilisateur. Les plus sceptiques se demandent à coup sûr comment sera géré le « Proof of possession » qui adresse in fine le risque de rejeu d’un jeton d’autorisation.
La complexité de mise en œuvre oblige à qualifier les risques à chaque étape, impliquant des itérations permanentes et une granularité assez fine dans la priorisation des risques. Une coordination avec les architectes sécurité dès le départ permettra de minimiser les impacts mais cela n’annihile pas la nécessité de procéder à des analyses de risques et des audits de conformité.
Annoncée comme le moteur de la révolution digitale des banques, on se demande de plus en plus si la DSP2 ne constituerait pas plutôt un frein pour les FinTechs et leur plus-value en termes de « User Experience ». Elle aura au moins permis de prendre conscience des limites du modèle actuel et de repenser l’utilisation des données client. Les acteurs de la monnaie électronique semblent en définitive loin de remplir tous les critères imposés par l’Union Européenne, notamment en termes de sécurité : on va sans doute assister à une immersion « DSP2 » dans les mois à venir !
Cheikhna, Consultant Sécurité chez Akerva